Profitant des technologies de séquençage de l’ADN, des start-up américaines proposent aux particuliers, à grand renfort de marketing, une gamme de tests évaluant le risque pour eux d’avoir un enfant malade.
A San Francisco (Californie), dans un ancien bâtiment industriel reconverti en temple de la génétique high-tech, les échantillons arrivent dans de simples enveloppes FedEx. Des techniciens en blouse blanche et gants bleus les déballent à la chaîne, leur travail est ponctué par le « bip » des lecteurs de code-barres. Une fois identifiés, les tubes sont alignés en rangs dans de petits casiers multicolores et ils sont mis au frais dans de grandes armoires réfrigérées. Dans quelques jours, l’ADN extrait de ces quelques millilitres de sang ou de salive aura livré ses secrets.
En 2017, environ 150 000 échantillons ont ainsi été expédiés chez Invitae, l’une des nombreuses start-up à surfer sur la vague des tests génétiques. Ce chiffre devrait presque doubler cette année, en raison de l’engouement des futurs parents conquis par la promesse d’un bébé parfait.
Estimées à 2 milliards de dollars (1,7 milliard d’euros) aux Etats-Unis, les ventes de tests génétiques prénataux devraient bondir de 10 % par an d’ici à 2021. Aux côtés d’Invitae, une dizaine de start-up (Natera, Counsyl et Verinata…) sont parties à la conquête de ce marché. A grand renfort de marketing, ces laboratoires commercialisent des tests destinés à évaluer le risque pour un couple en bonne santé de donner naissance à un enfant malade, ou à sélectionner les embryons lors d’une fécondation in vitro (FIV).
Avec les progrès spectaculaires des technologies de séquençage, l’univers futuriste de Bienvenue à Gattaca – un film de 1997 qui met en scène des humains au génome irréprochable – ne semble plus si loin. Lire les 3 milliards de « lettres » (A, T, C, G) qui composent un génome humain coûte moins de 1 000 dollars (850 euros), contre 1 million de dollars il y a dix ans. Et quelques centaines de dollars suffisent aujourd’hui pour une analyse ciblée de gènes.
Le Monde